Un dimanche comme les autres, en marchant dans les rues de Fort-de-France, j’ai pris le temps d’observer attentivement notre ville. Le paysage urbain révèle des défis bien réels, mais aussi des opportunités immenses pour repenser collectivement notre espace public. Car malgré les fragilités visibles, Fort-de-France recèle un potentiel formidable pour redevenir un lieu vivant, accueillant et inspirant.
Les trottoirs, souvent étroits ou obstrués, mériteraient d’être revalorisés pour assurer un cheminement sécurisé et confortable pour tous. Des efforts coordonnés en matière de mobilité piétonne, de mobilier urbain et de végétalisation pourraient transformer ces parcours en véritables promenades urbaines.
Dans certains secteurs du centre-ville, des bâtiments dégradés sont en attente de réhabilitation. Pourtant, ces structures portent en elles une mémoire architecturale précieuse. Les restaurer pourrait insuffler une nouvelle dynamique économique et culturelle à nos quartiers.
Des lieux symboliques comme la place de la Savane ou le marché couvert ont besoin d’attention, mais ils disposent d’une base solide pour évoluer vers des espaces de rencontre animés, propres et bien éclairés. La présence de commerces historiques, comme la pâtisserie Man Coco, témoigne d’une identité forte qui ne demande qu’à être valorisée.
Des projets récents
Certains aménagements récents montrent que le changement est possible. L’allée piétonne créée par la SOAME entre le terminal maritime et la bibliothèque Schœlcher en est un bel exemple. Cette traversée longe un nouveau parking, un projet du cabinet Arteo Studio | Architectes Urbanistes | Martinique (voir le projet), bien conçu et intégré dans son environnement. Ce type d’intervention témoigne d’un désir de transformation qualitative. Il reste encore à mieux soigner les détails – comme les installations techniques – et à concrétiser les promesses de la nouvelle place publique en face de la bibliothèque.
Des équipements sportifs ont récemment été installés sur la Savane. Leur présence souligne une volonté de promouvoir le bien-être et l’activité physique, mais il serait bénéfique de les inscrire davantage dans une vision globale de l’espace public afin de maximiser leur impact et leur usage.
Quelles politiques publiques pour Fort-de-France ?
Ailleurs, des villes ont fait le choix du courage politique. Medellín, autrefois synonyme de violence et d’exclusion, est aujourd’hui une référence mondiale pour sa transformation urbaine basée sur la justice sociale, les bibliothèques de quartier et les équipements collectifs dans les zones marginalisées. Barcelone repense constamment son tissu urbain pour le rendre plus accessible, plus vert, plus juste. À Salvador de Bahia ou à Saint-Domingue, des programmes de revitalisation de centre historique s’appuient sur des dynamiques locales, culturelles et participatives. Ces expériences montrent qu’il est possible d’inverser la tendance, à condition de penser la ville comme un bien commun.
Fort-de-France semble rester en marge de cette dynamique. Où sont les politiques publiques alignées avec les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies ? La situation actuelle contrevient frontalement à plusieurs de ces objectifs, notamment :
ODD 11 : Faire en sorte que les villes soient ouvertes à tous, sûres, résilientes et durables.
ODD 3 : Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous.
ODD 13 : Prendre des mesures pour lutter contre les changements climatiques.
ODD 15 : Préserver et restaurer les écosystèmes terrestres.
Il est temps d’agir
L’état actuel de Fort-de-France n’est pas une fatalité. Mais sans volonté politique claire, sans vision, sans dialogue avec les citoyens et les professionnels, sans respect de notre patrimoine et de nos espaces publics, il n’y aura pas de redressement.
Ce texte n’est pas un pamphlet. C’est un appel. À repenser notre ville avec humanité, cohérence, ambition, et surtout respect.
Il est temps que Fort-de-France retrouve de l’ambition. L’espace public est un droit. Il façonne notre façon d’être ensemble. Réclamer une ville plus humaine n’est pas un luxe : c’est une nécessité urgente.
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