La participation d’abitē à la 3e Biennale Internationale d’Architecture Tropicale (BIAT), organisée à La Réunion, a été l’occasion d’approfondir les réflexions sur les enjeux architecturaux dans les contextes tropicaux. Cet événement s’est inscrit dans la continuité des discussions amorcées lors de la Rencontre Tropicale d’Architecture de décembre 2023 à Fort-de-France, qui avait pour thématique centrale la réhabilitation du patrimoine bâti.
L’architecture tropicale : un espace d’échanges et de dialogues
La BIAT, à travers ses conférences, tables rondes et visites, a permis de questionner les spécificités des pratiques architecturales dans les territoires tropicaux. Parmi les thématiques explorées, plusieurs axes critiques se dégagent :
- L’adaptation climatique et culturelle : Comment les matériaux, les méthodes constructives et les approches contextuelles peuvent-ils répondre aux défis du changement climatique tout en valorisant les savoirs vernaculaires ?
- Le rôle du patrimoine dans l’identité territoriale : La réhabilitation des édifices patrimoniaux, comme le Domaine Maison Rouge ou la Résidence Baudelaire, interroge les modalités de préservation et d’actualisation des héritages architecturaux face aux besoins contemporains.
- La reconnaissance des pratiques alternatives : Les démarches participatives et les initiatives locales, notamment celles présentées par des intervenants d’Australie, d’Indonésie et d’Amérique latine, mettent en évidence la richesse des approches collaboratives et des processus itératifs dans la conception de projets.
Vers une redéfinition de l’architecture tropicale
À travers les échanges avec des praticiens, chercheurs et décideurs, la BIAT a contribué à une redéfinition des paradigmes de l’architecture tropicale. Il ne s’agit plus simplement de répondre aux contraintes climatiques, mais de construire une architecture ancrée dans ses territoires, capable de refléter les identités locales tout en s’inscrivant dans des réseaux globaux.
La participation d’abitē à cet événement a également permis de confronter notre démarche aux réalités d’autres régions tropicales. En partageant notre projet VAN DAN VIL, nous avons enrichi notre réflexion sur le rôle de l’architecture comme levier de transformation sociale et environnementale.
Une immersion architecturale : la BIAT à La Réunion
Jour 1 : visites et découvertes
La première journée, intitulée Journées Visites, nous a permis d’explorer plusieurs sites :
- La Résidence Baudelaire à La Possession, un projet de Renée Gailhoustet réhabilité par le bailleur SEMADER.
- L’UFR Santé à Saint-Pierre, une œuvre des T&T Architectes en collaboration avec le paysagiste Sébastien Clément.
- Le Domaine Maison Rouge, lauréat en 2018 de la Loto du Patrimoine et actuellement en cours de préservation.
La journée s’est conclue par la Soirée d’ouverture de la BIAT au Port Réunion, marquée par les interventions de Pierre Rosier, de la directrice des affaires culturelles de La Réunion et de María Samaniego, présidente d’honneur de la BIAT 2024. Le documentaire Rêveuses de villes de Joseph Hillel, célébrant quatre architectes féminines pionnières, a couronné la soirée.
Jour 2 : échanges et perspectives
Le deuxième jour, au KabarDock, a été rythmé par des conférences et tables rondes animées par des experts de renom. Parmi les interventions :
- « Démarches alternatives du projet », abordant des méthodes innovantes de mise en œuvre architecturale, avec la participation de Hoang Thuc Hao (Vietnam), Vanessa Miranville (maire de La Possession), et Michel Reynaud (botaniste et architecte).
- « Varieties of construction methods », présentée par Realrich Sjarief (Indonésie).
- « Guerra al hormigón », par Javier Mera (Équateur).
La journée s’est terminée par une seconde table ronde sur les matériaux alternatifs, mettant en lumière leurs potentialités et limites.
Jour 3 : conclusion et perspectives
Le dernier jour s’est ouvert avec une série de conférences captivantes, notamment :
- « Architecture influenced by Aboriginal cultures », par Kevin O’Brien (Australie).
- « L’UFR Santé : un parc habité », présenté par Sébastien Clément.
Une table ronde animée par Sophie Paviol a clôturé les débats en explorant les liens entre projet architectural et appartenance territoriale. Parmi les intervenants figuraient Olivier Hoarau (maire du Port), María Samaniego, David Fontcuberta et Rafael José Salcedo de abite, et Léandre Guigma (Burkina Faso).
La clôture officielle de la BIAT a été marquée par une cérémonie de remise de Prix d’Architecture de La Réunion organisée par la Maison de l’Architecture de La Réunion, en collaboration avec le Conseil Régional de l’Ordre des Architectes.
Bilan et perspectives
La BIAT 2024 a été un espace fertile pour repenser les pratiques architecturales et renforcer les alliances professionnelles dans l’arc tropical. Ces échanges ont non seulement mis en lumière les défis communs, mais aussi la diversité des solutions envisagées.
abitē continue de s’engager dans cette dynamique, en explorant les intersections entre architecture, patrimoine et développement durable. À travers ces rencontres, nous réaffirmons notre volonté de contribuer à une architecture tropicale critique, contextuelle et résolument tournée vers l’avenir.
Un aperçu des moments clés de cet événement est disponible via le carrusel d’images.
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