La Place de la Mémoire

“La place de la Mémoire” est un projet artistique centré sur la collecte d’histoires et de souvenirs de personnes vivant dans des endroits en mutation ou menacés de disparition. Le but est de documenter des expériences personnelles uniques qui révèlent la vie quotidienne et les moments ordinaires souvent négligés dans la documentation historique. L’objectif ultime est de partager l’attachement émotionnel des habitants à ces lieux et comment cela contribue à leur identité ainsi qu’à la préservation et au développement de l’environnement bâti.

Le projet a recueilli des histoires et des témoignages sous forme de vidéos, de photographies et d’enregistrements audio. Ces récits devaient initialement être présentés dans une exposition finale, à la fois dans des galeries d’art et dans des espaces publics. De plus, une partie de la conception de l’exposition a été développée en collaboration avec des étudiants en scénographie. Cette approche a évolué au cours de la mise en œuvre du projet.

L’auteure du projet, Ana Asensio, a réalisé la première édition de “La place de la Mémoire” au sein de l’Association Abité, au cours d’une résidence artistique qui a duré trois semaines dans la ville de Fort-de-France, en Martinique. Cette édition a consisté en une série de photographies mettant en avant huit femmes de différentes générations et sept endroits de la ville. L’implication exclusive de femmes a enrichi la narration et soulevé des questions sur la représentation historique.

Les extraits des entretiens ont été inscrits sur des textiles blancs, ramenés dans les lieux choisis, et photographiés avec les participantes portant des couleurs représentant leurs souvenirs de ces lieux. Cette approche a mis en avant la dimension sensorielle et émotionnelle, soulignant la relation entre les personnes et les lieux qu’elles habitent, même si certains de ces lieux n’existent plus que dans leurs souvenirs.

L’exposition finale a inclus quinze photographies, dont quatorze montraient les participantes dans leur lieu choisi, avec des portraits et des souvenirs juxtaposés. La quinzième photographie invitait les spectateurs à s’immerger dans les souvenirs des autres, accompagnée des textiles originaux fabriqués à la main pour le projet. En plus des entretiens et de la documentation visuelle, un atelier de scénographie de la mémoire a été organisé, explorant comment utiliser les textiles pour rendre l’exposition plus interactive.

En fin de compte, ce projet a célébré la mémoire individuelle en tant que valeur collective, mettant en lumière la diversité culturelle et générationnelle de la ville. Il a également encouragé la participation active de la communauté locale dans la narration et la documentation de ses propres souvenirs, tout en invitant les visiteurs à se plonger dans la mémoire des autres et à réfléchir à leur propre connexion avec la ville à travers ces souvenirs partagés.