Fort-de-France est une capitale territoriale dense, peu végétalisée et chaude, où les voitures posent des problèmes en raison de leur volume et de leur utilisation généralement individuelle. Elles engorgent les voies, monopolisent l’espace public avec le stationnement… Les villes qui ont fait le choix d’éloigner les voitures ont vu émerger d’autres modes de mobilité, ce qui a permis une meilleure qualité de l’air, une meilleure santé publique et une plus grande accessibilité, en plus de libérer des hectares pour d’autres usages. Depuis plusieurs années, la ville essaie de piétonniser et de repousser le stationnement hors des rues les plus animées, mais changer les habitudes des habitants n’est pas une mince affaire. L’espace urbain vit par et pour ses habitants afin de rester attrayant et authentique, il ne s’agit donc pas de les exclure de cette transition.

Par ailleurs, la rue Garnier-Pagès, une rue dynamique sur le plan culturel et idéalement située, a tous les atouts pour devenir une rue piétonne réussie, et c’est ce que souhaitent les services techniques. Cependant, ils se heurtent à la résistance d’une minorité d’habitants. La rue est d’ailleurs reliée aux rues piétonnes par son entrée est et est en sens interdit par son entrée ouest, ce qui signifie qu’elle est inaccessible aux voitures selon le code de la route. Pourtant, cette rue est occupée par des voitures dites “ventouse”, qui sont peu ou rarement déplacées. Certaines sont en panne, d’autres servent d’espace de stockage, et d’autres encore se garent en double file pour diverses activités, au détriment d’un espace urbain apaisé propice aux rencontres et à l’expansion d’espaces culturels et conviviaux.

L’association “abité”, habitante et créatrice de “lePatio19”, tiers-lieu de Garnier-Pagès, a interrogé Activateur de Territoire, une association spécialisée dans l’aménagement durable, en posant la question suivante : “Si chaque habitat de Fort-de-France est censé avoir une place attenante dans l’espace public, pourquoi suis-je obligée d’y garer ma voiture ? Pourquoi ne puis-je pas y mettre mon vélo ? Ou un espace de repos à partager avec mes concitoyens ?”

En effet, l’aménagement de l’espace est un acte politique qui reflète les valeurs, les hiérarchies et les usages acceptés, encouragés ou marginalisés. Il peut traduire des discriminations raciales, sexistes, liées à l’âge et à la catégorisation sociale. Or, l’espace public est un espace partagé, un lieu privilégié pour se rencontrer, être ensemble, où chacun trouve sa place.

Partant de la voiture, symbole de richesse individuelle, viriliste et associée à une culture mondiale de l’immédiat, destinée aux 20-60 ans, nous souhaitons interroger les citoyens sur la place de la voiture dans l’espace public et sur les autres aspirations qu’ils ont pour vivre ensemble.

  • Porteurs de projets

    David Fontcuberta - architecte - abité.association
    Jeanne de Reviers - paysagiste · urbaniste - l'activateur de territoires

  • Participants

    Anne-Laure Saint-Thérèse - Etudiant design d'espace Lycée Victor Anicet
    Eloi Bernet - Architecte. Association Kebati
    Luc Bergeron - Chargé de mission mobilité durable. Ville de Fort de France
    Frederick Leplingard - Artiste Plasticienne. Un Oeuf
    Eric Chonville - Association VanLab
    Hélène Raffestin - Artiste Plasticienne. Atelier 49
    Jean Marc Bullet - Designer d'objets. Bullet&Associés
    Luigi Savon - Artist Plasticien