Dans les rues de Saint-Pierre, la mystérieuse évidence des façades rongées et écaillées s’impose au regard dans tout son paradoxe. À la fois structures, couleurs et matières, elles forment le corps de la ville meurtrie et témoignent secrètement de ses blessures, vestiges d’un temps révolu que d’aucuns évoquent encore avec nostalgie, le temps des bâtiments somptueux et des fêtes fastueuses du « Petit Paris des Antilles », le temps d’avant.
Pourtant, les façades ne se livrent pas de façon explicite, seul l’œil averti et curieux peut prétendre déceler çà et là des indices de cette splendeur d’antan. Pour un photographe comme Jordan Beal, difficile de résister à la tentation de chercher à capturer dans l’immédiateté et la spontanéité du geste photographique, le mystère et la beauté cachée de ces surfaces hétéroclites aux couleurs rongées par le temps.
Ceux qui prétendent que les façades sont muettes et les murs aveugles n’ont pas encore eu la chance d’accompagner le regard plein d’empathie et d’étonnement que Jordan Beal porte sur ces bâtisses de Saint-Pierre, Fort de France, Rivière Salée… dont les portes et fenêtres semblent vouloir éternellement rester closes, comme si elles étaient vides, absentes au monde et indifférentes au flux du temps qui passe.
Pourtant, rien de plus assourdissant que le silence de ces façades aux bouches fermées, incapables de raconter par elles-mêmes la moindre bribe de leur histoire dont on pense deviner, peut-être à tort, qu’elle est celle de l’exil, de la désertion, de la mort d’une culture.
Dès lors, la quête de la clef s’impose comme le défi à relever pour tenter de dévoiler, ne serait-ce qu’en partie, le mystère dissimulé derrière ces façades, à moins que le véritable enjeu de la révélation ne soit finalement celui du regard porté sur elles à travers le « trou de serrure » de l’objectif.
Dans sa série photographique intitulée “Non Lieux”, Jordan Beal explore ces lieux figés dans le temps, où l’architecture délabrée devient une invitation à plonger dans l’histoire et la mémoire d’un lieu. Ses clichés captivent par leur capacité à révéler la beauté cachée dans la décrépitude et la négligence.
Chaque photographie de Jordan Beal est un voyage visuel dans le temps, une plongée dans une époque révolue qui se matérialise à travers des murs fissurés, des couleurs fanées et des détails architecturaux abandonnés. Les façades deviennent les témoins silencieux de l’histoire, portant les cicatrices du passé et les marques du passage du temps.
Le regard attentif de Jordan Beal parvient à capter l’âme des lieux, à faire revivre les histoires qui résonnent encore dans ces bâtiments en ruine. Ses photographies transcendent les limites du temps, invitant le spectateur à plonger dans l’intimité de ces “non lieux” oubliés, à la découverte de leur essence même.
À travers son objectif, Jordan Beal offre une perspective unique sur la beauté de la dégradation, révélant la poésie des fissures, la grâce des détails délaissés. Il nous rappelle que même dans la décrépitude, il y a une forme de splendeur et d’authenticité qui mérite d’être contemplée.
La série “Non Lieux” de Jordan Beal est bien plus qu’une simple collection de photographies, c’est un hommage vibrant à l’histoire et à la résilience des lieux abandonnés. Elle nous incite à regarder au-delà de la surface, à plonger dans les profondeurs de ces façades délabrées et à découvrir la richesse cachée derrière ces murs en ruine.
Ainsi, les œuvres de Jordan Beal nous invitent à porter un regard neuf sur les “non lieux” qui jalonnent nos villes, à les voir non pas comme des vestiges de la dégradation, mais comme des témoins vivants de notre passé et des symboles de notre propre résilience. Elles nous rappellent que la beauté peut être trouvée dans les endroits les plus inattendus, que chaque mur fissuré a une histoire à raconter.
En somme, la série “Non Lieux” de Jordan Beal nous transporte dans un univers où la décadence et la beauté se côtoient, où les façades délabrées deviennent les protagonistes d’une narration visuelle captivante. Grâce à son regard perspicace, le photographe parvient à transcender les limites du temps et à révéler l’essence même de ces lieux oubliés.
“Dans les rues de Saint-Pierre, la mystérieuse évidence des façades rongées et écaillées s’impose au regard dans tout son paradoxe. À la fois structures, couleurs et matières, elles forment le corps de la ville meurtrie et témoignent secrètement de ses blessures, vestiges d’un temps révolu que d’aucuns évoquent encore avec nostalgie, le temps des bâtiments somptueux et des fêtes fastueuses du « Petit Paris des Antilles », le temps d’avant. Pourtant, les façades ne se livrent pas de façon explicite, seul l’œil averti et curieux peut prétendre déceler çà et là des indices de cette splendeur d’antan. Pour un photographe comme Jordan Beal, difficile de résister à la tentation de chercher à capturer dans l’immédiateté et la spontanéité du geste photographique, le mystère et la beauté cachée de ces surfaces hétéroclites aux couleurs rongées par le temps. Ceux qui prétendent que les façades sont muettes et les murs aveugles n’ont pas encore eu la chance d’accompagner le regard plein d’empathie et d’étonnement que Jordan Beal porte sur ces bâtisses de Saint-Pierre, Fort de France, Rivière Salée… dont les portes et fenêtres semblent vouloir éternellement rester closes, comme si elles étaient vides, absentes au monde et indifférentes au flux du temps qui passe. Pourtant, rien de plus assourdissant que le silence de ces façades aux bouches fermées, incapables de raconter par elles-mêmes la moindre bribe de leur histoire dont on pense deviner, peut-être à tort, qu’elle est celle de l’exil, de la désertion, de la mort d’une culture. Dès lors, la quête de la clef s’impose comme le défi à relever pour tenter de dévoiler, ne serait-ce qu’en partie, le mystère dissimulé derrière ces façades, à moins que le véritable enjeu de la révélation ne soit finalement celui du regard porté sur elles à travers le « trou de serrure » de l’objectif.” Verónique Réunif
La Station Culturelle
Jordan Beal
La Station Culturelle
La Station Culturelle
abité.association
La Station Culturelle et abité.association
17.10 au 15.12.21